Changer le monde
Selon Bpifrance1, le nombre d'entreprises créées en France par les moins de 30 ans a doublé entre 2009 et 2020. Aujourd’hui, plus d'un jeune sur deux se projette dans la création d'entreprise selon une enquête menée par OpinionWay2 pour France Active. Toujours selon cette enquête, 65 % des jeunes veulent créer une entreprise pour changer le monde. L’entrepreneuriat est donc devenu une vraie tendance chez les jeunes. « C’est toute une génération qui veut s’engager » nous dit Alain Asquin, coordinateur national pour l’entrepreneuriat étudiant qui remarque que l’engagement sociétal est désormais le point de départ de la création d’une entreprise. « Il y a une quinzaine d’années, on pensait une offre et ensuite on faisait en sorte qu’elle soit convenable au sens de l'environnement ou au sens sociétal. Aujourd’hui, c’est parce qu’on veut défendre des valeurs qu’on crée une offre », explique-t-il. Portés par l’envie d’avoir un impact positif sur la société et donc confrontés à des défis complexes, ces jeunes ont besoin d’être formés, mais aussi soutenus dans la création de leur entreprise.
Se former pour relever le défi
« Il faut vraiment se rendre compte du défi immense que relèvent ces jeunes. On trouve leurs projets sympathiques, hyper intéressants mais leurs défis sont particulièrement complexes à relever. Ce qui veut dire que l’écosystème qui les entoure doit être extrêmement bienveillant et doit faciliter l’amorçage de leur activité », affirme Alain Asquin. Ainsi le réseau Pépite France aide les étudiants à construire et développer leur projet entrepreneurial dans le cadre de leur cursus, tout en leur permettant de développer leurs compétences. Mais d’autres structures existent. « Il faut encourager les gens à sonder des organismes comme Les Déterminés qui donnent aux jeunes toutes les clés pour créer une entreprise, et pour que celle-ci soit pérenne », poursuit Perle Perriet, fondatrice de She Can Code, une start-up qui organise des ateliers d'apprentissage du code informatique pour les adolescentes de 13 à 18 ans. Conscientes du besoin de formation, les grandes écoles ont, elles aussi, adapté leurs programmes d’enseignement. Ainsi à l’école des Mines Paris, « l'entreprenariat n'est plus une option pour quelques dizaines d'élèves, cela fait maintenant partie du cursus », indique Valérie Archambault, directrice adjointe de la recherche en charge des partenariats industriels. « Cette évolution répond à une attente des élèves mais aussi des entreprises qui nous demandent de former des ingénieurs entrepreneurs » explique-t-elle.
Plus d’hommes que de femmes
Malgré les formations et les dispositifs mis en place pour aider les jeunes à créer leur entreprise, « il y a encore trop peu de femmes dans l’entrepreneuriat » remarque Valérie Archambault. Plus nombreuses parmi les jeunes diplômés, les femmes sont minoritaires parmi les jeunes entrepreneurs (on compte 60 % d’hommes et 40 % de femmes). Même si cet écart a tendance à s’atténuer et que les femmes sont de plus en plus nombreuses à créer leur entreprise, certains freins demeurent, remarque Alain Asquin. « Tant que leur idée n’est pas structurée, elles ne se lancent pas alors que les garçons se disent on va avancer et on verra bien. Il faut donc travailler sur ce rapport au risque et enlever cette pression de la réussite », recommande-t-il.
Pour recruter ces jeunes talents, les entreprises doivent s’adapter
Aujourd’hui, les étudiants des grandes écoles ne rêvent plus de devenir un grand patron du CAC 40. En quête de sens, ils ne veulent plus sacrifier leur vie personnelle et professionnelle à un métier sans impact positif. Ils ont soif d’engagement et contrairement aux générations précédentes, ils n’ont pas de scrupules à quitter un emploi qui ne les satisfait pas. « Leur attachement à l'entreprise est parfois moins fort que leur attachement à un projet », remarque Alain Asquin. Le défi est donc de taille pour les entreprises qui veulent attirer – mais aussi garder – ces jeunes talents en quête de sens. « Le sens est primordial si on veut recruter des talents. Lorsqu'on est un grand groupe, il faut travailler sur sa raison d'être, sur un objectif commun qui profite à tous. C’est en étant engagés sur le bas carbone, sur la transition énergétique, et en étant fournisseur de solutions au développement durable pour des industriels, des collectivités et des particuliers qu’une entreprise comme ENGIE peut recruter des talents » explique Stéphane Quéré, directeur des écosystèmes au sein d’ENGIE Recherche & Innovation.
Start-ups et entreprises, deux mondes pas si cloisonnés
Avec la vague des start-ups, l’entreprise s’est transformée. « Les frontières sont devenues beaucoup plus perméables. Quand vous êtes dans une grande entreprise, maintenant vous travaillez avec des start-ups », dit Valérie Archambault. « On travaille en effet de plus en plus en écosystème, en partenariat », confirme Stéphane Quéré. « Je ne sais pas vous dire avec combien de start-up nous travaillons chez ENGIE parce qu’il y en a énormément et que c'est devenu un réflexe », poursuit-il. Cette proximité a modifié les méthodologies de travail des entreprises. Ainsi, chez ENGIE, « il y a des programmes d’intrapreneuriat qui permettent aux salariés de développer des projets à la façon des start-ups », indique Stéphane Quéré. « On peut donc être entrepreneur dans une entreprise », conclut-t-il.
Alors… l’entrepreneuriat est-il le nouveau graal pour les jeunes ?
Pour Alain Asquin, la vague de l’entrepreneuriat chez les jeunes n'est pas éphémère. « C'est assez structurel, assez profond donc ce n'est pas un nouveau Graal mais c'est une quête pour les jeunes générations », dit-il. Perle Perriet acquiesce : « C'est vraiment une quête personnelle, une démarche qui peut aider beaucoup de jeunes à découvrir qui ils sont et à développer des projets ». Stéphane Quéré conclut : « Quel que soit le parcours, ces jeunes n’auront pas perdu leur temps ! ».
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1 https://presse.bpifrance.fr/indice-entrepreneurial-2021-la-france-un-terreau-fertile-pour-lentrepreneuriat-qui-resiste-a-la-crise/
2 https://www.franceactive.org/communiques/1-jeune-sur-2-souhaite-se-lancer-dans-lentrepreneuriat-et-pour-beaucoup-dans-un-projet-dentreprise-engagee/