Selon vous, quelle est la clé pour réduire la consommation d'énergie des entreprises et collectivités : l’efficacité énergétique ou la sobriété ?
Olivier Gresle : Ces deux notions ne s’opposent pas, elles sont bien différentes mais surtout complémentaires. La sobriété, c’est réduire l’intensité de la consommation, il s’agit d’un acte volontaire. En choisissant la sobriété, j’accepte d’impacter ma façon de vivre, par exemple en baissant la température. L’efficacité énergétique, quant à elle, propose, de consommer le moins possible d’énergie primaire pour une intensité donnée. Comment ? En optimisant le rendement, en réduisant les pertes… En bref, utiliser le moins d’énergie entrante possible pour le même résultat. Chez ENGIE Solutions, nous proposons à nos clients le triptyque « sobriété - efficacité – verdissement ». Pour les entreprises comme pour les collectivités, il s’agit de consommer moins et mieux pour diminuer la facture énergétique, bien sûr, mais aussi pour préserver les ressources et la planète.
Accompagner ses clients vers la sobriété, est-ce le rôle d'un énergéticien ?
O. G. : Je dirais même plus : chez ENGIE c’est notre raison d’être ! En effet, nous nous sommes donné comme mission d’aider nos clients à effectuer leur transition énergétique et à se décarboner. Nous sommes alliés de nos clients, et ce n’est pas qu’une posture commerciale, c’est tout le sens de notre mission. Nous mettons toutes nos technologies, toutes nos expertises, tout notre savoir-faire au service des problématiques de nos clients professionnels. Et la sobriété est un des leviers indispensables de nos démarches.
“Notre raison d’être est d’accompagner nos clients dans leur transition vers le zéro carbone avec un levier plus indispensable que jamais : la sobriété.”
La flexibilité est importante pour maintenir l’équilibre du réseau. Est-ce une voie que vous développez auprès de vos clients professionnels ?
O. G. : Oui, bien sûr. On le voit encore plus depuis le début de la crise, la gestion du réseau est une question d’équilibre. Aujourd’hui, si on a la possibilité de mettre des installations à l’arrêt sur le marché de l’électricité, on peut vendre au réseau des capacités et une disponibilité rémunérées, car cette action fait baisser la pression sur le réseau.
Et nous avons aussi la possibilité de démarrer des installations de production lorsque le réseau en a besoin, aux heures de pointes notamment. On devient alors une sorte de producteur d’électricité décentralisée. Ainsi, être flexible peut signifier soit effacer, soit produire à la demande. La flexibilité a donc deux visages !
Comment cela se passe-t-il concrètement ?
O. G. : On peut arrêter nos machines au moment des pics de consommation, dans une démarche de sobriété. Cela reste encore à étendre car le marché n’est pas structuré, et certaines technologies comme le stockage doivent encore gagner en compétitivité, cela dit, c’est appelé à se développer. De manière générale, nous avons tout intérêt à développer tout ce qui peut aider à équilibrer le réseau, par exemple faire tourner les cogénérations, différer le démarrage des installations ou encore développer l’autoconsommation individuelle avec le solaire. ENGIE a d’ailleurs signé deux chartes qui encadrent et accompagnent vers la sobriété et la sécurité d’approvisionnement : EcoWatt et EcoGaz.
Énergies renouvelables, sobriété, efficacité énergétique, comment les entreprises peuvent-elles financer (rapidement) la transition dans le contexte actuel des prix élevés de l'énergie ?
O. G. : Ce qu’il faut retenir, c’est qu’ENGIE Solutions est prêt à financer ces projets, y compris en s’engageant sur des résultats. En finançant les installations sur des durées longues, nous apportons la garantie d’économies rapides à nos clients, ainsi que la possibilité de décarboner leurs consommations sans investir leurs propres capitaux. Les technologies que nous proposons et exploitons sont à forte composante renouvelable et le plus souvent locales (géothermie, bois, biogaz…). Elles aident à repenser le mix énergétique de nos clients à l’échelle d’un bâtiment, d’un quartier, d’un territoire et les besoins peuvent même être mutualisés grâce à des réseaux de chaleur ou de froid. La prise de conscience est forte, et le nombre de projets va croissant.
Concrètement, sur le volet de la sobriété énergétique, comment se traduit cet accompagnement ?
O.G. : Je dirais qu’il y a deux choses importantes : l’implication de toutes nos parties prenantes et beaucoup de sensibilisation. En interne, nous formons les équipes commerciales et les collaborateurs à la sobriété, à l’évolution de nos offres… Nous avons établi et déployé des plans d’actions liés à notre adhésion à EcoWatt et EcoGaz. Par exemple, la météo des réseaux électriques et gaz est disponible sur Predity, nos plateformes de pilotage en temps réel des infrastructures énergétiques dont nous avons la charge, pour le compte de nos clients. Nous mettons en place des actions de communication internes et externes, comme des webinaires avec des partenaires. Enfin, nous avons développé de nouveaux outils pour nos clients, comme le portail « Je diminue mes consommations » qui leur permet en répondant à quelques questions de simuler les économies qu’ils pourraient faire et de se situer par rapport aux meilleures pratiques afin de les convaincre d’engager les actions.
Pour conclure, je dirais que la sobriété devient un levier indispensable et complémentaire aux actions d’efficacité énergétique et de verdissement que nous menons, pour répondre à l’urgence de la crise énergétique aujourd’hui, mais aussi sur le long terme.