Dans quel contexte aborde-t-on cette COP28 ?
Si on regarde le verre à moitié plein, l’année 2023 marque un record en termes de transition énergétique. Les investissements dans les énergies propres sont en hausse de 40 % par rapport à 2020. Le monde aura installé 500 GW de capacités renouvelables en 2023. La tendance est soutenue par la volonté de nombreux États de renforcer leur indépendance énergétique, donc de moins dépendre des énergies fossiles.
Et si on regarde le verre à moitié vide ?
Les émissions de CO2 vont encore atteindre un niveau record cette année alors qu’elles sont censées chuter de 43 % d’ici à 2030. Les politiques mises en place dans le monde ne permettraient de limiter le réchauffement planétaire qu’à +2,5 °C en 2100. C’est bien supérieur à la cible de l’Accord de Paris. Enfin, la hausse des taux, l’inflation et les conflits géopolitiques compliquent la donne.
On a dit que la COP27 de 2022 était une COP technique. Qu’en est-il de celle-ci ?
Elle est stratégique et porte sur quatre enjeux majeurs des négociations.
Le premier concerne la relation entre les pays en développement et les pays développés. Ces derniers veulent se concentrer sur l’atténuation du réchauffement climatique, tandis que les pays émergents conditionnent ce débat aux engagements pris par les pays développés en matière de financement de la lutte contre le changement climatique.
Deuxième enjeu : les négociations à partir du consensus mondial sur la nécessité de tripler les énergies renouvelables et doubler l’efficacité énergétique d’ici 2030.
Le troisième enjeu de cette COP est la fin du recours aux énergies fossiles.
Enfin, les organisateurs de la COP veulent opérationnaliser le Fonds pour les Pertes et Dommages, créé lors de la COP27 à destination des pays pauvres.
Pourquoi ENGIE va-t-il à la COP28 ?
Nous y allons parce que nous avons une voix singulière à faire entendre : nous avons une vision positive de la transition énergétique. Nous sommes convaincus qu’elle s’accompagne d’opportunités pour le citoyen, les entreprises, le monde en général. Selon le GIEC, il reste « une fenêtre de tir » pour réussir la transition écologique. Il faut pour cela des solutions réalistes, opérationnelles et qui ont fait leurs preuves. Le Groupe a justement des choses à dire et à montrer dans les réseaux de chaud et de froid, dans les solutions de flexibilité, notamment le stockage par batteries, et bien sûr dans les énergies renouvelables.
En quoi sommes-nous légitimes à nous exprimer ?
Notre légitimité s’appuie tout d’abord sur notre ambition d’être Net Zéro Carbone en 2045, sur nos trois scopes donc y compris sur nos émissions indirectes (c’est-à-dire celles de nos clients et fournisseurs).
Cela passe par des décisions fortes : la sortie du charbon en Europe continentale en 2025 et dans le monde en 2027, des investissements massifs vers les énergies renouvelables et le stockage d’énergies, le verdissement du gaz (biométhane et hydrogène renouvelable) et aussi les solutions énergétiques décentralisées.
Cela passe aussi par une vision industrielle et opérationnelle forte sur la manière de réussir la transition énergétique. Pour que l’énergie de demain soit à la fois, sûre, abordable et décarbonée, il est indispensable de s’appuyer sur toutes les sources d’énergie, notamment en combinant l’électron et la molécule.
Enfin, nos engagements en matière de durabilité vont au-delà de nos propres activités. Ils viennent couvrir toute notre chaîne de valeurs : nous nous sommes publiquement engagés pour éviter chez nos clients 45 millions de tonnes de CO2 par an en 2030 et nous faisons en sorte que 100 % de nos top 250 fournisseurs préférentiels soient certifiés ou alignés SBTi d’ici 2030.
Autant d’arguments qui expliquent notre présence à cette COP28, nous voulons montrer que l’on peut faire bouger les choses.