Chaque année, ENGIE R&I publie un rapport sur les technologies durables émergentes. Pourquoi avoir choisi de consacrer cette édition à l’industrie ?
Elodie du Fornel : L’industrie représente à elle seule un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre (environ 24 % sont liées à l’énergie utilisée, et 5 % aux procédés industriels eux-mêmes). Cela mérite bien qu’on s’y penche ! Nous avons mis l’accent sur l’industrie lourde, notamment la pétrochimie, le ciment et l’acier. Le rapport s’articule autour de trois grands axes : la molécule, l’électron et les leviers d’accélération.
Pourquoi employer le terme méconnu de « défossilisation » de l’industrie, plutôt que « décarbonation » ?
Jan Mertens : Il ne s’agit pas de supprimer tout le carbone, mais de sortir du carbone fossile. La transition énergétique nécessitera toujours des molécules carbonées — pour produire des matériaux, comme le ciment. Il nous faut donc des sources durables de carbone : biomasse, CO2 capté, plastiques recyclés. C’est ce que nous appelons en anglais le « sustainable carbon », ou carbone durable.
Nous consacrons ainsi un chapitre du rapport à la « raffinerie du futur », qui illustre les technologies permettant de remplacer les dérivés du pétrole et du gaz par des molécules identiques mais issues de sources non fossiles. L’objectif : arrêter d’ajouter du carbone fossile dans l’atmosphère.
Bref, nous ne visons pas le « zero carbone », mais bien le « carbon neutral » (neutre en carbone).