TRANSITION ENERGÉTIQUE

COP21, 5 ans après : « Il faut maintenant délivrer ! »

Par ENGIE - 15 décembre 2020 - 17:20

Cinq ans après la signature des Accords de Paris, où en est-on ? A quoi a servi la COP21 ? Qu’attendre de la COP26 ? Bilan croisé entre Benoît Leguet, Directeur Général L’Institute for climate economics (I4CE) et Anne Chassagnette, Directrice RSE chez ENGIE. 

 

Cinq ans après, quel rôle a joué la COP21 dans la lutte contre le changement climatique ? 

Benoît Leguet : La COP21, et l’Accord de Paris qui en est issu, ont permis de fixer un cadre à l’action climatique, avec un triple objectif. Le premier concerne la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre : il ne suffit plus de réduire ces émissions, il faut les ramener à zéro, en net, c’est-à-dire que la planète devra absorber autant de gaz à effet de serre que nous en émettons. C’est un objectif clair ! Le second objectif concerne la résilience de nos économies aux impacts inéluctables du changement climatique, enjeu trop souvent négligé. Le troisième est d’aligner les flux financiers avec les deux objectifs précédents. Il a permis de faire entrer le monde de la finance dans le jeu. On ne compte plus aujourd’hui les coalitions d’États, de collectivités, d’entreprises, d’institutions financières dont le nom comporte « Net Zero », comme la « Net Zero Asset Owner Alliance ». La COP21 a mobilisé tous ces acteurs autour d’un objectif clair… il faut maintenant délivrer. 

 

Anne Chassagnette : Le sujet du climat faisait déjà l’objet de beaucoup d’attention. Par exemple, ENGIE s’y est très tôt investi : nos premiers objectifs de réduction des émissions datent de 2012, et nous ont permis une chute de 56% entre 2012 et 2018. La COP 21 provoqué une émulation collective et incité les acteurs économiques financiers et entreprises à redoubler leurs efforts. Chez ENGIE, nous avons décidé de sortir du charbon, démultiplié notre développement des renouvelables électriques et gaz et obtenu début 2020 la certification SBT (Science Based Target) qui valide nos projections d’émissions à 2030, une étape vers la neutralité carbone du Groupe. Pour aller plus loin, ENGIE a fait de cet engagement le cœur de sa raison d’être, adoptée lors de son assemblée générale en 2020.

 

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Quels sont les accélérateurs pour parvenir à l'atteinte des objectifs à horizon 2030/40/50 ?

Benoît Leguet : Pour atteindre les objectifs à moyen et long terme, nous avons besoin d’une action publique forte et cohérente. C’est indispensable pour donner de la visibilité aux acteurs économiques. Quand un pays (ou une région) adopte une trajectoire de réduction de ses émissions compatible avec la « neutralité carbone », elle conforte les modèles économiques de demain. Ces trajectoires doivent être crédibilisées, année après année, par des politiques publiques cohérentes, dans la durée : on pense évidemment aux normes, pour le logement ou la mobilité, mais aussi aux budgets publics (fiscalité et dépenses), à la régulation financière… toutes ces politiques publiques – qui semblent parfois, de prime abord, éloignées du climat mais sont structurantes dans l’économie d’un pays – devront intégrer l’impératif climatique. Il faudra placer le climat au cœur de toute action publique… mais aussi privée.

 

Anne Chassagnette : Nous misons sur les nouvelles technologies et développons une approche d’un mix de production efficace permettant de répondre à l’intermittence des renouvelables : en combinant un fort développement des renouvelables électriques et gaz verts – notamment hydrogène- permettant une fourniture décarbonée et constante, tout en optimisant l’utilisation des réseaux déjà existants. 
Nous avons, par ailleurs, été un précurseur de la finance verte dès 2014. Depuis, nous avons émis 12 milliards d’euros d’obligations vertes, ce qui nous positionne au premier rang des émetteurs corporate. Ces financements nous ont permis et continueront de nous permettre, combinés au plan de relance européen, de financer des projets générateurs d’emplois et d’accompagner la transition vers une économie neutre en carbone via le développement de nouvelles technologies.

 

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Que faut-il attendre de la COP 26 ? 

Benoît Leguet : La COP est chaque année un événement attendu et la COP26 l’est encore plus puisqu’il n’y aura pas de tel Sommet en 2020 alors même que les États sont appelés à renforcer leurs engagements climat. Mais ne nous y trompons pas : les engagements internationaux ne sont que le reflet de l’action nationale. C’est donc, en amont des COP, cette action nationale ou régionale qu’il faut suivre. L’Union européenne ne cache pas ses ambitions de porter son objectif de réduction des émissions à – 55 % d’ici 2030, pour rester sur une trajectoire de neutralité carbone à horizon 2050 ; la Chine a déjà annoncé son objectif de neutralité carbone à horizon 2060 ; et le changement à la Maison Blanche permet d’espérer un verdissement de la politique américaine. Autant d’engagements positifs qu’il faudra crédibiliser par de l’action publique nationale cohérente.

 

Anne Chassagnette : La COP 26 est importante car l’Accord de Paris entre juridiquement en vigueur à partir de 2020. Si elle débouche, comme attendu, sur une accentuation des ambitions des États en matière de réduction des émissions, et sur de nouvelles règles concernant les échanges de réduction d’émissions, cela créera un cadre favorable pour des entreprises comme ENGIE, qui s’engagent à accompagner tous les acteurs dans la transition vers une économie décarbonée. Rendez-vous à Glasgow dans un peu moins d’un an !